A propos de cette image : "J'ai
rêvé cette nuit que j'étais prisonnier d'un
appareil photo. Le rêve était tellement effrayant et
précis : dans l'appareil, la seule
relation avec le monde extérieur, une fente
dans laquelle on glisse normalement la carte mémoire et
qui sert maintenant à délivrer les repas. Une
faible lumière parvient de ce que je suppose être
la fenêtre optique, mais le diaphragme automatiquement fermé
n'offre aucun échappatoire..."
La photographie est une machine à emprisonner le monde. Dans cette mécanique de création d'images, il semble que depuis toujours une vision panoptique se soit mise en place, par un désir de pouvoir et de possession l'ayant rendue nécessaire autant qu'inéluctable. Par contre-coup, le photographe est-il devenu lui aussi prisonnier de sa photographie ? "Le panoptique (ou Panopticon) est un type d'architecture carcérale imaginée par le philosophe utilitariste Samuel Bentham à la fin du XVIIIe siècle. L'objectif de la structure panoptique est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale, d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés. Ce dispositif devait ainsi créer un « sentiment d'omniscience invisible » chez les détenus." (Source Wikipedia)
Exemple de réalisation d'une prison modèle :
Tout
voir sans être vu. Surveiller, mesurer et contrôler, exercer un
pouvoir de visibilité totale sans réciprocité. D'un point de vue
unique et centralisé on organise les êtres comme les choses en
leur interdisant toute possibilité de voir eux même, en leur niant
cette faculté. Les hommes sont comme les choses et les choses
elles-même sont encore moins que des choses. La question qui
pourrait étendre et aussi fonder notre rapport au monde : Les
choses peuvent-elles voir ? ne sera jamais envisagée.
Est-ce une affabulation, une caricature ? Un malaise nous prend. Il s'agit d'un prototype Toshiba de jeu virtuel avec une vision intégrale à 360°. Seulement pour jouer ?
Retournons à Michel
Foucault, alors qu'il parle de la lumière agissant dans le
Panopticon : Schéma du principe panoptique :
Du point de vue central la vision est immédiate et totale, elle découpe les êtres en "petites silhouettes captives", exactement comme pour le photographe qui de son point de vue unique prélève à l'intérieur d'une vision panoramique idéale et absolue, des parties du monde qui l'entoure. Les images sont immédiatement nommées et classées dans l'appareil afin de pouvoir être transférées ensuite sur n'importe quel autre support de mémoire. On les accumule, on les répète ou on les efface et les remplace à volonté, on peut même les oublier, elles resteront toujours dans une nomenclature et j'ai bien peur que la vision originelle qu'on a eu d'elles disparaisse au fur et à mesure du profit de leur inventaire. D'une façon générale le Panopticon est : "un mécanisme de pouvoir ramené à sa forme idéale ; son fonctionnement, abstrait de tout obstacle, résistance ou frottement, peut bien être représenté comme un pur système architectural et optique : c'est en fait une figure de technologie politique qu'on peut et qu'on doit détacher de tout usage spécifique."p.207 Un aspect effrayant du système panoptique est la dissociation du couple "voir-être vu : dans l'anneau périphérique, on est totalement vu, sans jamais voir ; dans la tour centrale, on voit tout, sans être jamais vu."p.203. Le prisonnier assujetti à ce pouvoir invisible et omniscient, en arrive à l'intérioriser et le porte en lui. En fait il pourrait n'y avoir personne dans la tour, ce mécanisme ingénieux du pouvoir fonctionnerait quand même. Pour autant, tout le monde reste lié et enfermé, les détenus dans leurs cellules et le surveillant dans sa tour. Les coïncidences entre le Panopticon de Samuel Bentham et l'usage que l'on fait de la photographie s'accumulent, jusque dans l'outil même : "La machine à voir était une sorte de chambre noire où épier les individus" p.209 Le plus troublant est le point de vue central et rigide du pouvoir, dont on conçoit qu'il pourrait être vide ; que devient-il dans la photographie ? Apparemment le photographe est libre de ses mouvements, ainsi il cherchera un meilleur point de vue, qu'il choisira pour cadrer le sujet et réaliser son image, avant de passer au sujet suivant. L'idée du point de vue est essentielle, mais pas seulement dans le choix. Si le photographe se contente d'un seul point de vue pour un sujet, c'est un peu comme si à chaque fois il transportait la tour du Panopticon avec lui. Le véritable acte de création, qui est aussi un acte de connaissance, s'accomplira par l'ouverture de la tour et le cheminement à la recherche de tous les points de vue possibles. C'est aussi par cet action décisive qu'on peut acquérir une relation d'influence réciproque avec le sujet, ce en quoi on se libère de l'emprise du système panoptique :
Si on change de point de vue, tout change. Le sujet, le paysage, et le sujet dans le paysage. Selon un point de vue ou un autre, même légèrement décalé, le fil qui relie le sujet avec le paysage et avec le photographe, va se tendre d'une autre façon et sa tension agira partout et en tout sens. Que le sujet soit un personnage, un animal, un arbre, une pierre, ces êtres et ces choses, animés ou en apparence inertes, se modifieront dans les différentes visions que j'ai d'eux et progressivement aussi me changeront. Mon travail de photographe s'améliorera au fur et à mesure de l'enrichissement des points de vue, mais quand déciderais-je de m'arrêter en chemin ? Quand pourrais-je affirmer que j'ai trouvé le meilleur point de vue, le meilleur instant ? En ce sens je pense que "l'instant décisif", idée préférée de toute une génération de photographes n'est qu'un effet anecdotique dans un parcours de la connaissance, où finalement le véritable but ne se révèle pas dans la suite heureuse des prises de vues, mais se réalisera par la volonté de s'ouvrir au monde jusqu'à se perdre dans la présence de l'autre, s'oublier à la rencontre des choses. Avant d'aller plus loin, j'aimerais revenir à la genèse de mon idée du système panoptique dans la photographie. Bizarrement elle m'est venue à partir d'une histoire disant tout le contraire. Dans une discussion sur Internet, je répondais par une saillie que "même les choses peuvent avoir un regard. Si je photographie les arbres, c'est parce qu'ils me regardent. D'ailleurs je pense de plus en plus que ce sont eux qui me photographient". Par la suite j'ai cru de cette intuition qui me paraissait évidente pouvoir en faire venir le sens, mais je n'arrivais pas à me dépêtrer de son absurdité. Je me suis souvenu du schéma du Panopticon qui en est l'opération contraire, avec tous ces prisonniers qu'on surveille, qu'on voit depuis la tour centrale et qui ne peuvent pas, qui n'ont pas le droit de voir. Je me demandai alors si il existerait un moyen d'inverser cette situation pour qu'ils voient enfin, comme pour moi mes arbres ? Qu'ils soient libérés et du même coup que je me libère aussi dans ma photographie, du système du Panopticon. Pour autant, dans ce contexte je n'ai pas de prisonniers ni même (comme à une certaine époque) des fous ou des écoliers à surveiller. Il y a seulement des êtres et des choses que l'on photographie. Pour sortir du Panopticon il faut donc d'abord se libérer soi-même. Trouver une réponse dans la première des confrontations, celle entre le photographe et sa photographie. Je conserverai du symptôme du Panopticon la solution pour en sortir, le pouvoir qu'on a d'inverser une situation. Parfois il est bon de prendre le contre-pied des faits établis, de donner ce que l'on ne s'accordait avant qu'à soi-même. De se mettre à la place des autres et des choses. Comme les arbres qui me photographient. Justement, pour garder une cohérence à ces rapprochements, je reprends la structure du schéma où le photographe se libère de l'emprise du système panoptique. Mais alors que le dessin en grisé du Panopticon s'estompe et disparaît, que s'effacent aussi les cellules des prisonniers libérés, je reste seul. Le schéma se transforme et ne montre plus que la relation entretenue avec moi-même, entre moi et mes pensées. C'est comme si j'avais intériorisé d'une façon originale l'esprit du Panopticon, mais cette fois en demeurant dans la position centrale de la tour, celle de la conscience, je suis devenu à la fois le gardien et le prisonnier de mes pensées, celles de la périphérie dans leurs petites cellules. Toutefois, dans ce retournement du sens la différence essentielle est que la relation n'est plus univoque, elle est riche et multiple, elle va constituer comme je vais maintenant le décrire, mon moi imaginaire. Dans mon
exemple du photographe qui photographie les arbres, le schéma
illustre la position des images et des différents points de
vue qui tournent dans ma tête. Je suis donc ce petit
personnage mis en évidence en tant que moi conscient, dont la présence s'étendra aussi sur la ligne bleue du
cheminement de la pensée, où se distribuent les images mentales d'un arbre
découvert un jour, que j'aurais
photographié et dont les produits de ces photographies se rajouteront à l'expérience de
ma vision changeante d'un point de vue à l'autre, s'imprégnant au fur et à mesure dans
le
temps de ma mémoire :
J'ai réalisé plusieurs versions du sujet qui illustre aujourd'hui mon propos. A ma première rencontre il y a quelques années, je fis la découverte de cette souche d'arbre déraciné, enfermée dans un fouillis inextricable de la forêt. Elle n'avait pas du tout le même aspect que je lui connu par la suite :
albert PS : Pour compléter
ces
dernières illustrations, voici un autre exemple :
Void de la Borde
|
Réponse à un commentaire : "J'ai
lu ton texte sur le Panopticon et j'ai trouvé ton point de vue Une amie m'a envoyé dernièrement ce commentaire succinct sur mon "à propos", il me renvoie de façon péremptoire et avec précision vers ma condition de photographe : La photographie nous donne un point de vue sur les choses, mais c'est avant tout le point de vue du photographe. Voilà qui me place sur l'axe de la réflexion où les idées se distinguent et se séparent, où il est nécessaire de prendre un engagement. Je pense que la photographie peut être envisagée comme une entreprise égoïste et personnelle, mais aussi comme une aventure vers l'échange et le partage. J'essayerai de répondre dans cette direction, de façon sûrement diffuse, en avançant petit à petit sur le mode du retour sur soi, qui n'est jamais qu'une continuelle interrogation. Mon amie est psychanalyste de métier ; c'est bien connu, les psychanalystes, quand ils ne disent pas l'essentiel, préfèrent se taire. Un principe que l'on devrait observer plus souvent, si seulement... Les choses qui ne nous appartiennent pas, il faut les laisser faire :
Chère amie, Je répondrai plus bas à ton commentaire, mais déjà, selon ton
point de vue d'analyste, il est très judicieux de revenir à l'évidence.
Je me rends compte d'une autre vérité : ce qui va de soi,
autrement dit ce qui vient de soi, est difficile à partager. J'introduis pour toi dans le
texte le concept d'inconscient car je suppose que tu me ramènes à
cela. Il faudra que tu l'acceptes dans sa condition la plus pauvre,
pardonne mon ignorance. En fait je souhaite seulement établir une
séparation
même indécise entre ce que cerne ce concept, c'est à dire ce qui
est perçu, ce qui est parlé à travers nous, et ce qui
indépendamment de cette influence peut apparaître dans une photographie. C'est une différenciation à l'intérieur
de ce que l'on considérerait comme un processus commun de création
artistique, qui lie le photographe et sa photographie dans une
synergie créatrice. J'ai conscience de me
laisser aller au monologue dans l'aimable conversation qui a pris
tournure entre nous, mais la photographie étant mon domaine de prédilection,
je la ressens dans la pratique et je tente aussi de l'approfondir là où elle se distingue des autres arts.
Malgré son handicap premier (historiquement la photographie n'est
pas un art) il faut reconnaître qu'elle a réussi son aventure et
devient aujourd'hui le médium fondamental qui domine la création
des images. Pourquoi ? Cette question concerne tout le
monde. Ma première réflexion sur la correspondance avec le Panopticon m'a laissé un goût amer et je souhaite à la
photographie un autre avenir que celui d'un instrument d'enfermement,
de soi comme du monde, ou même de prédation (qu'on pourrait illustrer
par la complaisance du photographe chasseur autant que du chassé, confondus dans
leur relation et occupés à ne fournir ou fourbir tôt ou
tard que des images spéculaires). En relation avec l'aller et retour du percevoir et du parler, la photographie elle, récupère la parole à son compte et reprend la main en remplaçant le parler par l'écrire. Ecrire avec la lumière. C'est une écriture involontaire, quasi indifférente où il reste encore presque tout du percevoir, écriture automatique de la lumière qui rebondit sur les choses, traverse les êtres et se fige dans l'instantanéité, en laissant son empreinte sur la mémoire. Comme dans les civilisations où le passage du langage parlé vers l'écriture contribue à fixer l'histoire du monde, la photographie apporte son lot d'images. Mais à la différence de l'écriture, silencieuse et intérieure, qui accapare et restitue ensuite le monde du dedans, la photographie a gardé dans l'acte de photographier le lien du partage, comme on le conçoit dans la parole. La lumière éclaire deux mondes, le monde extérieur et notre monde intérieur, la photographie les accorde. Tout comme la parole s'offre dans l'union entre les êtres. A ce sujet, on se rappelle l'importance spirituelle pour Saint Augustin de la lecture à haute voix. A une époque plus tardive, la règle de Saint Benoît instaurait le silence dans la bibliothèque, mais au réfectoire, pendant le repas, la parole, celle du Verbe incarné, se donnait toujours à voix haute dans la présence de tous. Pour revenir encore une fois au ne parler qu'à travers soi, de l'inévitable qui agit en nous, qui nous fait photographier, il reste encore à le définir. Si j'énonce le principe du Panopticon en insistant sur le lien malsain qui y est entretenu, et qui peut agir au sein même de l'acte de photographier, c'est par précaution et pour ne pas oublier qu'il est impératif d'en sortir ; la photographie peut favoriser et entretenir d'autres relations. Mais une fois que je me suis dégagé de l'emprise du Panopticon, je reste malgré tout et en premier lieu confronté avec ce que je suis, avec moi, mes pensées, mes images intérieures. Avant même d'envisager une relation véritable et non contraignante dans un sens ou dans l'autre avec le sujet de ma photographie je dois auparavant résoudre une contradiction : On a coutume de pratiquer l'ellipse en disant qu'on "prend une photo (du sujet)" ou qu'on "prend le sujet en photo". C'est bien pratique, or même si au sens figuré les deux formules ont l'air valide, il y a déjà une ambiguïté du fait que "prendre" s'adresse à ce qui est photographié et concerne aussi la photographie elle même. Au sens littéral on devrait dire, comme on va à la pêche : "prendre une image du sujet avec l'aide de la photographie". Mais c'est déjà dans l'action de "prendre" que se trouve la contradiction. Elle est accompagnée de nombreuses connotations allant dans le même sens : "faire une prise de vue", "piéger la lumière", "capter la scène", "épuiser le sujet", être un "chasseur d'images", etc... Le désir ou la nécessité du prendre sont si bien ancrés dans notre pensée que nous serions incapables, au moins dans le domaine de la photographie, d'envisager une disposition inverse de notre esprit, qui pourtant serait tout aussi vraie, et de surcroît plus appropriée, comme de "donner", "se donner", "s'offrir" et "recevoir". Bien entendu on ne peut se départir de l'action volontaire du choix d'un point de vue ainsi que, pour "prendre la photo", de déclencher l'appareil photographique. Pourtant, on pourrait essayer de changer notre état d'esprit en évacuant cette appétence à "prendre", qui deviendrait secondaire par rapport à une attitude du photographe, en accord avec sa photographie, acceptant de se donner, d'offrir son intention au monde pour simplement recevoir comme sur une surface sensible, la lumière. Le Panopticon était une affaire politique, une méthode de coercition directe du pouvoir, alors que je voudrais maintenant, même si cela semble paradoxal, trouver un accord entre moi et le monde dans une dimension différente, où à mon tour je m'exposerais totalement à son influence. Il me faudrait pour cela élaborer en moi une entité agissante, mais qui ne soit ni de l'ordre de la volonté consciente ni d'un ordre inconscient, un moi réceptacle et pourtant actif à recevoir et à ressentir l'évidence de photographier ce qui est montré. Ainsi je serais sur la bonne voie quand je reconnaîtrais plus tard, et je pense que beaucoup de photographes peuvent l'attester, que quelque chose est présent par de-vers moi dans mes images. Il faut aussi que mon exposition au monde ne soit pas juste pour l'instant d'une image mais qu'elle se prolonge et influe sur la durée. Si je reprends les différents schémas du Panopticon et leur évolution, comme je les ai dessinés plus haut, dans le dernier qui en fait me représente, je peux trouver une indication :
Dans ce schéma bleu et vert,
le bleu du cheminement de la pensée, le vert des arbres,
je montre les projections
de mes différents points de vue sur eux, de même que tournant dans la boucle de ma
mémoire
ces arbres dirigent aussi leur flèche du sens dans ma direction, ce
sont eux qui me photographient et de part cette impossibilité réelle ils constituent mon moi imaginaire. Si je n'ai pu encore formuler une définition valable du moi imaginaire, j'ai au moins tenté d'établir sa condition en tant que réceptacle ou réservoir de sensations et d'images intérieures, en opposition aux vecteurs de la conscience ou de l'inconscient agissant sur ces mêmes images. Je dirais que le moi imaginaire n'est pas seulement un support de mémoire mais un creuset dans lequel sont mis en interaction, selon leurs affinités tous les éléments qu'il contient. Il peut s'agir d'images que je perçois de la réalité autant que d'images mentales présentes ou passées, ou même et surtout des images provenant de mes photographies, qui montrent les mêmes choses sur lesquelles je vais revenir, car je sais que la photographie propose à notre vue et à notre mémoire une réalité différente, qui influence notre propre vision des choses, si on y retourne encore et encore.
Maintenant il me faudrait délimiter un processus de création
photographique original agissant à l'intérieur du creuset du
moi imaginaire et qui deviendra le véritable vecteur de l'action
photographique, son entreprise s'effectuant dans l'intimité et le
secret d'une condition intérieure, considérée par ailleurs comme un simple état
d'inconscience, mettant une partie de moi en absence.
J'aimerais raconter comment j'en fais l'expérience, mais j'ai du mal à trouver
les mots pour le dire. C'est un peu comme si après avoir emprunté dix fois le même
chemin où me portent mes pas, je décidais cette fois de passer par
ici plutôt
que par là. Ou comme le chien qui tourne en rond pour chercher sa place et
enfin la trouve. Ou me promener la nuit dans un chemin creux, quand
la pente aveugle me ramène sans cesse au milieu du chemin, dans la bonne direction. Et encore,
à l'issue de ces pratiques inconscientes, avoir la sensation du
rêveur qui s'éveille et revient à lui, du plongeur émergeant à nouveau hors de l'eau,
retrouvant d'un coup au
loin son horizon familier. photo.imaginaire.free.fr/panoramique/chatelaine_10.htm C'est une photographie suffisamment ancienne pour que j'en ai oublié les détails, mais maintenant à la revoir je découvre dans sa représentation une similitude étonnante avec le schéma bleu et vert issu du Panopticon, cité plus haut, et qui est lui même une représentation du moi imaginaire. Dans la photographie le chemin circulaire devient comme la courbe bleue du dessin que parcourent les projections des arbres, certains de ceux-ci ne sont pas visibles, d'autres le sont et semblent presque animés d'intentions, enfin toutes leurs ombres exactement comme les flèches du schéma se dirigent vers le centre, ou selon qu'on imaginerait un invraisemblable éclairage, viendraient du centre... Pourtant la photographie en elle-même n'a rien d'imaginaire. Selon les lois de l'optique la représentation de l'espace y est tout à fait objective. Il s'agit de la projection sphérique sur le plan d'une vue panoramique à 180° provoquant la courbure d'un chemin à l'origine rectiligne et donnant aussi l'illusion d'une ubiquité de la source lumineuse. J'arrêterais là les correspondances, il vaut mieux s'abstenir devant un certain mystère car ce qui se passerait en son centre évoluant autant en moi que dans le monde serait encore plus étrange. Ce dont on ne peut parler il faut le taire. Pourtant voici, quelques années plus tard, la même scène sur ces ruines étrange dont des archéologues sont venus à en faire la restauration : http://photo.imaginaire.free.fr/panoramique/chatelaine1_10.htm photo.imaginaire.free.fr/panoramique/void_23/void_23_commentaire.htm
Pourtant ils seront toujours tangibles dans mon souvenir comme ils
demeurent dans leur image. Ce que j'ai aussi appris des Chablis est une forme de connaissance
historique sur l'existence des arbres qui va se rajouter à
d'autres savoirs, mais pour autant ce qui m'est venu du moi
imaginaire par abandon du centre vers la périphérie est plus essentiel que n'importe quelle
connaissance. Pour le dire autrement, la connaissance des choses est
dominée par leur présence. albert
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