Venise

De Ellsworth Kelly à Paolo Veneziano

En réalité tout a été mis à l'envers, dans tous les sens et en profondeur. Les photos ayant servi à ce travail ne sont pas de moi. Une amie avec qui je voyageais les avait réalisées en 2016 avec son Ipad. Pour x raisons je n'avais produit avec cet appareil qu'un seul panorama. Dernièrement ayant récupéré les sources j'ai décidé de revisiter Venise à ma manière.

Cela commence au Palais Fortuny avec une oeuvre de Ellsworth Kelly, et, au gré du hasard, la promenade s'achève quelques jours plus tard devant le Polyptyque de Santa Chiara à l'Académie de Venise.

Pour moi cette représentation du baptême du Christ est une des plus belles productions de l'imaginaire dans la peinture primitive italienne. Il y avait là une liberté fondamentale qui sera plus tard et pendant des siècles, entravée par les exigences de la perspective. J'essaye avec la photographie de redécouvrir le monde encore sous-jacent de ces jours d'avant. Pourtant l'appareil photographique est par définition l'outil parfait de l'obéissance aveugle à l'oeil du Prince. Mais il y a le temps. Le temps de l'imaginaire. Celui qui permet toutes les associations, même et surtout les plus improbables, pour reformuler notre vision du monde.
  
La première image de la série sur Venise expose la relation entre la forme et la lumière. Par la suite j'ai suivi le fil du temps dans la continuité des prises de vues au Ipad. Il y avait peu de photos exploitables, par contre mon amie a un très beau regard, exactement ce qu'il fallait. Son regard plus mon 6e dan en photographie. Et encore mieux, j'étais libéré de la volonté de mon propre imaginaire. En effet celui-ci a tendance à toujours s'immobiliser dans une direction univoque et personnelle. Travailler avec le regard d'un(e) autre est une belle opportunité qui offre une liberté plus facile à gérer. On oublie ainsi ce que dit le poète : "Soyez libres, choisissez vos chaînes".