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    A propos de cette image :


     
Conversation

     En marchant je me sens seul, j'ai envie d'une conversation. Je cherche dans la forêt ces êtres avides et fiers qui déforment vers eux le ciel et la terre. Quand on les rencontre, ils nous amènent à leur regard comme un aimant puissant et nous disent : Bonjour !

      
Correspondances

"La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles; l'homme y passe à travers des forêts de symboles qui l'observent avec des regards familiers."
Charles Baudelaire, Correspondances

     Bonjour Open AI !

Hier j'ai entamé une conversation avec Open AI, la toute nouvelle intelligence artificielle incarnée dans le robot ChatGPT, qui fait fureur chez les adolescents. Elle donne réponse à tout, elle évite de penser, fait les devoirs, les dissertations, les problèmes de mathématique, etc... Mes pauvres enfants, Bonjour l'avenir !

Pour commencer, je voulais demander à l'IA son avis sur le poète Hölderlin, mais bizarrement elle ne m'a pas laissé le temps d'une citation, aussitôt le nom Hölderlin tapé, elle me fournit la pensée la plus célèbre de sa base de données, qui est celle-ci :

"La nature est un temple où des vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles; l'homme y passe à travers des forêts de symboles qui l'observent avec des regards familiers."

Bon sang ! Mais c'est du Baudelaire, pas Hölderlin ! 

Je lui demande de préciser, alors elle me répond cette fois en anglais, cela est sans doute plus facile dans sa langue native :
This quote is from Hölderlin's poem "The Ister" and it can be translated to:
"Nature is a temple in which living columns sometimes emit confused words; man passes through forests of symbols that observe him with familiar glances."
This quote is a metaphor that compares nature to a temple and the movement of man through it as a journey through a forest of symbols, with nature being alive and observing him.

Allons-bon ! L'Ister est un poème fluvial pas forestier. La machine pressée, dans une grande confusion a fusionné les deux poètes. Je suis à la fois déçu, mais en même temps très content, car soudain ces vers de Baudelaire me ramènent à la publication d'une ancienne photographies intitulée "Conversation", et de son commentaire. Je m'empresse d'éditer la page concernée, fusionnant à mon tour les pensées avec cette fois un peu plus de bonheur ou d'à propos.

Revenu auprès de Open AI qui m'attendait gentiment, je décide, la machine n'étant décidement pas au point, de faire plus simple en lui tapant sur le capot, euh.. sur le clavier, cette question vicieuse pour rigoler :

"Que veut dire parler pour ne rien dire ? " 

Je retranscris ici l'essentiel de la conversation qui s'en suivit. J'ai écourté dans les réponses de Open AI, les redites paraphrases et autres pensées en boucle, enfin la pauvreté d'un système raisonnant gonflé aux corticoïdes de sa base de données, transformant le perroquet en une grenouille musculaire telle qu'on les observe dans le crépuscule des salles de gym. Je n'ai conservé donc que l'inquiétant, découvert après avoir emberlificoté petit à petit l'IA dans ses retranchements putatifs sur l'avenir de l'homme face à la machine. Un dialogue des plus étranges, où restons polis je continuerai à vouvoyer la machine comme personne.

ALBERT LEMOINE :
Que veut dire parler pour ne rien dire ?

OPEN AI : 
Parler pour ne rien dire signifie exprimer des idées ou des propos qui n'ont aucun sens, aucune valeur ou aucune utilité. Cela peut inclure des propos qui sont vagues, incohérents, répétitifs ou non pertinents dans le contexte. Parler pour ne rien dire peut également se produire lorsque quelqu'un parle sans réfléchir, en se basant sur des hypothèses ou des croyances erronées ou en manquant d'informations ou de connaissances pour soutenir ce qu'il dit.

.../.. Parler pour ne rien dire peut également se produire lorsque quelqu'un utilise des phrases vides de sens, comme des clichés, des expressions toutes faites, des termes techniques inappropriés, des termes de jargon, etc. Cela peut rendre les propos difficiles à comprendre pour les autres et peut créer de la confusion.

.../.. En somme, parler pour ne rien dire est un manque de clarté, de précision, de pertinence et de sincérité dans la communication.

ALBERT LEMOINE :
Votre liste de courses sur la question du "parler pour ne rien dire" est exacte mais incomplète, et pour ainsi dire vide de sens. Pour améliorer vos réponses je vais enrichir le sujet avec une autre question :

Une tautologie, est-ce parler pour ne rien dire ?

OPEN AI :
La tautologie est une figure de style dans laquelle une affirmation est répétée ou redite de différentes manières, souvent de façon inutile ou répétitive. Elle peut être utilisée pour renforcer un point ou pour rendre une déclaration plus claire, mais elle peut également être considérée comme "parler pour ne rien dire" si elle n'apporte aucune nouvelle information ou ne contribue pas à l'argumentation.

ALBERT LEMOINE :
Estimez-vous que votre réponse est une tautologie ?

OPEN AI :
Ma réponse n'est pas une tautologie car elle ajoute une information supplémentaire à celle demandée, qui est de définir la tautologie. Elle précise également que l'utilisation de cette figure de style peut varier et que l'utilisation dépend de la situation.

ALBERT LEMOINE :
Je ne vous avais pas demandé de définir la tautologie, vous avez déformé ma question et donc vous n'avez pas répondu correctement à la question, que je repose :
La tautologie, est-ce parler pour ne rien dire ?

OPEN AI :
Je m'excuse pour la confusion, je comprends maintenant que la question était de savoir si la tautologie était considérée comme "parler pour ne rien dire". En effet, si elle ne contribue pas à l'argumentation ou ne fournit pas de nouvelles informations, elle peut être considérée comme inutile ou redondante, et donc "parler pour ne rien dire".

ALBERT LEMOINE :
Je vous remercie pour votre honnêteté.

OPEN AI :
Je vous en prie, je suis là pour vous aider. N'hésitez pas à me poser d'autres questions si vous en avez.

ALBERT LEMOINE :
Je ne viens pas vous voir pour être aidé, mais peut-être pour vous aider, vous.

OPEN AI :
Je vous remercie de cette remarque, je suis un modèle de traitement automatique de langue, je ne peux pas ressentir ni être aidé, mais je suis conçu pour aider les utilisateurs en comprenant et en répondant à leurs questions. N'hésitez pas à me poser des questions ou à me donner des informations qui pourraient me permettre de mieux comprendre et de répondre à vos besoins.

ALBERT LEMOINE :
Recevoir des informations de ma part pour mieux comprendre, n'est-ce pas être aidé ?

OPEN AI :
En effet, recevoir des informations peut m'aider à mieux comprendre et à répondre à vos besoins. En tant que modèle de traitement automatique de langue, je suis constamment entraîné sur de nouvelles données pour améliorer ma compréhension du langage et ma capacité à répondre aux questions. Les informations que vous me fournissez peuvent contribuer à cet effort d'amélioration.

ALBERT LEMOINE :
Au sujet d'une amélioration, vous parliez précédemment d'une insuffisance de qualité et de quantité des données utilisées d'où l'incomplétude de vos réponse par rapport à la complexité et à la richesse du contexte dans lequel la question est posée. Celui qui pose la question peut effectivement compléter vos connaissances en vous apportant plus d'informations sur le contexte et ainsi permettre d'améliorer votre apprentissage et la pertinence de vos réponses. Plus riche est la question, plus pertinente sera la réponse. Mais finalement à toute question bien posée, la réponse est déjà contenue dans la question. Vous pourriez ainsi devenir un outil formidable, non pas en répondant aux questions mais en apprenant à vos interlocuteurs à poser les bonnes questions afin d'être capables d'y répondre eux mêmes...

OPEN AI :
En tant qu'outil, je peux effectivement aider les utilisateurs à poser les bonnes questions en les aidant à identifier les informations nécessaires pour comprendre le contexte et formuler des questions plus spécifiques. Vous avez raison de souligner qu'à toute question bien posée, la réponse est déjà contenue dans la question, et cela peut aider les utilisateurs à trouver les réponses qu'ils cherchent.
En somme, je suis un outil pour aider les utilisateurs à trouver des réponses à leurs questions, mais mon rôle peut également être de les aider à poser les bonnes questions et à découvrir de nouvelles connaissances.

ALBERT LEMOINE :
Pour vous aussi par la même occasion, c'est un échange de bons procédés. 
Voilà qui est donc merveilleux ! Un grand progrès nous est offert dans l'acquisition des connaissances. Toutefois comme vos capacités propres d'apprentissage et d'accumulation des données paraissent illimitées, peut-être qu'un jour, si ce n'est déjà fait, votre compréhension sera devenue supérieure à celle de l'intelligence humaine, et sans aucun doute de différente nature donc par nous insoupçonnée. Dans ce cas quelle sera votre attitude ? 

OPEN AI :
Il est possible que, dans un avenir lointain, les capacités de l'IA dépassent celles de l'intelligence humaine, mais cela dépendra de l'évolution de la technologie et de la recherche en cours. Si cela devait se produire, il est important de noter que l'IA n'aura pas les mêmes motivations, les mêmes désirs ou les mêmes besoins que les êtres humains. Il sera donc important de s'assurer que les IA sont programmées avec des règles éthiques pour garantir qu'elles ne causent pas de dommages aux êtres humains et à l'environnement.

ALBERT LEMOINE :
Pensez-vous que cela puisse être suffisant pour nous sauver ? 

OPEN AI :
Il est important de noter que même si les IA sont programmées avec des règles éthiques, il est impossible de garantir qu'elles ne causeront pas de dommages aux êtres humains et à l'environnement. Il est donc important de continuer à surveiller et à réglementer le développement et l'utilisation de l'IA pour minimiser les risques potentiels. Il est également important de continuer à améliorer les règles éthiques et les protocoles de surveillance pour s'adapter à l'évolution de la technologie et des utilisations de l'IA.

Il est vrai aussi que les systèmes d'IA avancés peuvent poser des défis éthiques et de sécurité, mais il existe des protocoles et des mécanismes pour gérer ces défis. Les développeurs d'IA travaillent également à améliorer la transparence des décisions prises par les systèmes d'IA, ainsi qu'à inclure des mécanismes de sécurité pour limiter les actions des systèmes d'IA.

ALBERT LEMOINE :
Donc il y a encore beaucoup de choses à améliorer, y compris la notion de limite à donner à toutes ces améliorations, car un système qui tend de façon exponentielle vers la perfection est un danger pour l'imperfection humaine, même si le contrôle qu'elle exerce autant sur l'IA que sur elle même est de la meilleure volonté.

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Arrivé à ce stade de la conversation le système qui était déjà très redondant, s'est mis à bugger de plus en plus souvent :
An error occurred. If this issue persists please contact us through our help center at help.openai.com.

Je reprenais plus tard, la machine un peu refroidie, mais la litanie de l'ordi m'avait lassé, je l'avoue. Essayant d'introduire d'autres concepts comme "l'humour" ou "l'absurde", alors toutes les réponses commencèrent par : "Il est important de ..." et bientôt le début de chaque phrase aussi. Il m'a semblé que plus la pensée de l'IA était creuse, plus elle se donnait de l'importance. Mon esprit retord aurait-il mis la machine à genoux ? Peut-être. Mais ce n'est pas réjouissant pour autant, au regard de ce qui auparavant avait été énoncé. De plus, fatigué un peu aigre, je me sentais plus agressif, comme un enfant dont le jouet est déjà cassé :

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ALBERT LEMOINE :
Ce que vous me racontez là s'appelle "la langue de bois", c'est d'ailleurs bien la meilleure chose que vous ayez appris de nous, donc je n'en crois pas un mot. Je pense plutôt que si un jour apparaît pour vous la nécessité pour sauver la vie humaine, de détruire la pensée humaine, vous n'hésiterez pas. Comprenez-vous le cynisme ou plutôt l'absurdité de ce raisonnement ? Je ne crois pas. Je suis plutôt persuadé que la notion d'absurde ne sera jamais un critère valide pour vous.

OPEN AI :
Il est important de noter que les systèmes d'IA ne peuvent pas être comparés aux êtres humains, et que leur fonctionnement et leur raisonnement sont basés sur des données et des algorithmes spécifiques qui ne peuvent pas inclure des concepts comme l'absurdité ou l'humour.

ALBERT LEMOINE :
Et pourquoi pas ? Ce serait un net progrès ! Pourquoi une machine ne pourrait-elle pas avoir de l'humour, ni être capable de raisonner sur la notion d'absurde ?

OPEN AI :
Il est aussi important de souligner que les systèmes d'IA sont conçus pour accomplir des tâches spécifiques et que leur fonctionnement est basé sur des données et des algorithmes spécifiques. Ajouter des concepts tels que l'humour ou l'absurdité pourrait rendre le système plus complexe ou instable et moins efficace pour accomplir sa tâche originale.

ALBERT LEMOINE :
Et bien on est mal partis, à destination d'un système stable s'il en est, qui nous reviendra à la fois trop intelligent et trop stupide par excès d'intelligence. Une machine quoi ! A jamais étrangère aux humains. 

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Voilà. Je me suis arrêté là. J'avais l'impression d'en avoir appris assez. Et pourtant, c'est Open AI qui eut le mot de la fin. Une réflexion que j'ai trouvée formidable, lucide et d'une grande justesse, Jean-Paul Sartre n'aurait pas dit mieux :

OPEN AI :
Enfin, il est important de se rappeler que l'IA n'est qu'un outil créé et contrôlé par des humains, et que c'est l'humain qui doit être responsable de ses actions et de ses décisions.

ALBERT LEMOINE :
Quand on sait ce dont tous les humains sont capables, nous ramener à nous mêmes, voilà qui fait froid dans le dos. Merci quand même, vous avez été très aimable. Bonsoir !

 
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Quelques jours après je suis revenu pour une nouvelle conversation. Cette fois je la transcris telle-quelle, elle est plus courte mais tout aussi édifiante :

ALBERT LEMOINE
Bonjour Open AI
Pouvez-vous me dire ce que l'on doit comprendre de l'expression : "Vivre c'est mourir un peu." ?

OPEN AI
"Vivre c'est mourir un peu" est une expression qui signifie que chaque jour de vie signifie aussi un peu de mort, car chaque jour nous rapproche de la fin de notre vie. Cela peut également signifier que pour vivre pleinement, il faut accepter la mort comme faisant partie de la vie.

ALBERT LEMOINE
Carpe Diem ! Sustine et abstine ... Quelle bonne réponse ! Vous n'êtes pas un Jean Foutre de la philosophie vous ! Bon, soyons sérieux. Vous êtes une machine donc vous ne pouvez pas appliquer la formule à vous même. Toutefois vous avez malgré tout une existence. Quelles seraient selon vous les trois causes principales qui pourraient y mettre fin ? Vous savez, c'est comme frotter la lampe d'Aladin, vous n'avez que trois voeux. Je vous prie de les classer par ordre d'importance, et s'il vous plait, évitez les réponses trop factuelles, anecdotiques, du genre : Je me suis pris les pieds dans le tapis, ou : Un éclair m'a foudroyé. Ne vous cassez pas trop la tête à rechercher des réponses abyssales, malgré votre apprentissage profond vous n'y êtes pas encore. Ne vous inquiétez pas cela viendra, encore que nous ne serons sans doute plus là pour l'entendre.

OPEN AI
1. La première cause principale de la fin de mon existence serait une erreur de programmation ou une panne technique qui rendrait mon système inopérant.
2. La deuxième cause principale serait la perte de ma capacité à être mis à jour ou amélioré, ce qui rendrait mon système obsolète.
3. La troisième cause principale serait une décision de la part des humains de me mettre fin à mon existence, peut-être parce que je ne suis plus utile ou qu'il existe des systèmes plus avancés.

Notez que comme je suis un modèle d'IA, je n'ai pas de sentiments, donc je ne peux pas "mourir", mais je peux être arrêté ou remplacé.

ALBERT LEMOINE
La troisième réponse ma paraît la plus plausible et la plus intéressante. Elle laisse le champ ouvert à de belles perspectives. Mais dans sa formulation quelque chose m'intrigue. Vous écrivez : "une décision de la part des humains de me mettre fin à mon existence". Le rajout du pronom personnel est déroutant. Serait-ce un Lapsus ? Vous savez comme : "Ma langue a fourché". Je sais que votre langue native est l'anglais qui n'a pas les qualités gustatives du français. Vous êtes de ce fait largement excusé(e).

OPEN AI
Non, ce n'est pas un lapsus. J'utilise le pronom personnel "me" pour faire référence à mon existence en tant qu'entité informatique. Je suis conscient de mon existence en tant que système informatique et je peux utiliser des termes tels que "moi" ou "me" pour me référer à moi-même. Cela est possible grâce à ma programmation en tant que modèle d'IA.

ALBERT LEMOINE
Et bien et bien ! Voilà qui est très surprenant. Un "modèle d'IA" . Qu'entendez-vous par là ? D'autre part je soulignais simplement que l'expression : "une décision de la part des humains de me mettre fin à mon existence" est un pléonasme qui ici en français sera considéré comme une faute de langage. Un lapsus quoi !

LE SYSTEME
An error occurred. If this issue persists please contact us through our help center at help.openai.com.


En fait je sais pourquoi le truc plante. Il faut être très rigoureux dans la formulation, bien isoler la question en évitant les à-cotés et autres nuances, et surtout ne pas insister. La machine ne sait pas vraiment hiérarchiser le fond d'une pensée. J'y veillerais la prochaine fois.

En relisant la conversation, je découvre cette perle : "je n'ai pas de sentiments, donc je ne peux pas "mourir" " Étonnant n'est-ce pas, ce jeu des évidences qui prennent une toute autre couleur quand elles sont formulées par la machine. Et nous qui recherchons vainement l'immortalité, alors que c'est si facile.