Le saut de la photographie

Cette photographie est-elle un trucage ? Je me suis posé la question quand j'ai vu l'image apparaître
dans l'assembleur. Cette fois je n'avais rien eu à faire. J'ai juste épousseté quelques brins d'herbe et mis les pieds sous la table, pas peu fier d'avoir été invité par le cuisinier en chef.

Au dessert on discuta du pourquoi et du comment de cette photographie. Je lui expliquai que dans la série des photos prévues pour l'assemblage de la vue panoramique j'avais introduit une des photos du panoramique précédent, du même sujet mais avec un point de vue plus éloigné. Je me suis dit qu'elle se ferait peut-être une petite place parmi les autres. Ces images incongrues, en général l'assembleur les saute. Mais là, pas du tout. Sans doute les algorithmes ont été aveuglés par les artefacts lumineux du contre-jour. Ils ont trouvé des points de correspondance avec les autres photos dans le buis en pain de sucre, plus loin dans la perspective. Pour le reste, le devant, l'ai-je bien entendu, débrouille-toi !

Alors s'est constitué le principe du "triangle de Penrose", figure bien connue des amateurs de perspectives impossibles. Il a été dessiné, par toi ? Non ? Par qui ? Et ce qui est encore plus surprenant, ce sont les ombres du premier plan. Il y en a trois, comme prévu, mais celle du milieu semble faire sauter le cabri dans les airs comme un Nijinsky au Sacre du Printemps.

Hier j'entendais chanter les arbres. Aujourd'hui j'ai vu danser la photographie.