Le monde est beau, je ne le savais pas

Le monde est-il beau par hasard ?
Hier la lumière paraissait extraordinairement cristalline, colorée et limpide. Naturellement je suis retourné sur ma nouvelle aire d'envol découverte il y a peu. Les parapentes y décollent avec le vent, moi avec la lumière. Au bout de quatre heures de prises de vues, ayant quasi rempli ma mémoire je m'apprêtais à redescendre sur terre. Les 150 mètres de dénivelé du sentier depuis le camp de base, qui m'avaient estourbi à la montée m'éprouveraient encore plus au retour. En sortant du royaume je rangeais mes ailes et avec le peu de cartouches qui me restait décidai d'en finir par un classicisme distingué sur un simple et beau paysage.
Arrivé aux trois quarts de la composition prévue, l'appareil s'est éteint, rempli à ras bord. Dommage. Peut-être trouverais-je plus tard, dans les autres vues, un matériau similaire puisqu'il s'agit de la même lumière, pour finir mon œuvre.
Maintenant sur mon écran d'ordinateur voilà la maquette presque terminée. Par rapport à ce que j'avais envisagé, la composition est devenue bancale, c'est normal, et pourtant elle semble encore un peu harmonieuse. Je peux la sauver. Toutefois impossible de trouver ailleurs, dans les photos précédentes, un matériau idoine pour la compléter. Une vision, quand elle a été prévue, pensée et architecturée, devient unique, enfermée dans sa certitude, son idiosyncrasie. Ou alors il aurait fallu démarrer par une élaboration libre, dans ce cas tout est possible.
Mais finalement ce sera sans doute son incomplétude laissée à l'aventure qui la rendra intéressante. Le spectateur toujours avide de sens, quand il n'est pas perverti par les effets de mode pavloviens, y trouvera sans doute des métaphores propices à la satisfaction de son propre regard.
Bien entendu le monde est beau par hasard. Les êtres vivants qui le parcourent de long en large, le mesurent constamment de leurs vues, le construisent et le déconstruisent pour le reconstruire à nouveau, gardent toujours par de vers eux la mémoire d'une liberté qui leur a permis d'exister.

Sur Facebook :

Christelle Fillod
J'aime les jeux de lumière de cette image !

Albert Lemoine
Christelle Fillod
Merci, c'est encore plus évocateur dans l'autre sens. Comme quoi le sens de la marche...

Jean-Flavien Piquemal
Le monde est beau effectivement et ce chemin de vie donne envie de prendre cette direction

Albert Lemoine
Jean-Flavien Piquemal Je ne
sais pas... Les arbres sont bien morts quand même, massacrés par la pyrale du buis. Comme je le racontais plus haut, sur la droite une armée de trolls a envahi la partie manquante de l'image. Ces revenants énervés par le soleil, se rassemblent pour essayer d'entrer dans le monde réel et finir de zigouiller tout le monde. Ah, devant l'ordinateur il faut continuer à se raconter des histoires, sinon cela deviendrait vite ennuyeux, on se mettrait à calculer tout le temps. Aujourd'hui j'y suis encore retourné, et pendant la séance de prises de vues j'ai fait une petite sieste, couché dans la mousse, étonné du grand silence des oiseaux.