Noir
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Valérie YoupieMonday
Trust my science, Jonathan Paiano, 8 mars 2016
Histoire de trou.
Le Vantablack, l'absolu du noir.
"Tout ce que l’on voit est noir, comme un trou, comme s’il n’y avait rien du tout. C’est tellement bizarre. »
Ben Jensen, directeur technique de Surrey Nanosystems.
Le Vantablack est le matériau le plus noir jamais conçu. Avec un potentiel d’absorption de 99.965%, il absorbe la quasi totalité de la lumière incidente. Sa conception est rendue possible grâce aux nanotubes, qui composent le matériau. Les applications de ce concentré de technologies sont nombreuses et incluent : astronomie, spatial et armée.
On parle communément de noir « profond » ou « intense », mais vous êtes-vous déjà imaginés un noir si pur qu’il ne permet même plus de distinguer le relief d’une forme ? C’est le cas du Vantablack. Le matériau a fait l’objet d’une publication dans la revue Optics Express en mars 2014. Il a été conçu par l’entreprise britannique Surrey Nanosystems.
Il n’y a pas mille façons d’obtenir un matériau aux propriétés si impressionnantes. En effet, la firme britannique a fait appel aux nanotechnologies. C’est grâce à sa structure impressionnante composée de nanotubes de carbone (au diamètre 10 000 fois plus petit qu’un cheveu) que le Vantablack parvient littéralement à
« capturer » les photons qui s’y aventurent. Les nanotubes étant trop petits pour que les photons puissent circuler librement, ces derniers ricochent entre les nanotubes puis se font piéger dans l’espace entre les tubes (absorption). En raison de ce phénomène, 99,965% des particules de lumière (photons) sont absorbées. À titre de comparaison, le charbon absorbe quant à lui, 99,5% de la lumière incidente. Concernant le procédé de fabrication du matériau, il a le grand avantage de ne pas contenir de processus à haute température, incompatible avec les produits électroniques.
Au fait, que signifie Vantablack ? La réponse : Vertically Aligned carbon NanoTube Array black. Et en français, ça donne : « noir composé de séries de nanotubes de carbone alignés verticalement ».
Le matériau a été initialement présenté sous la forme d’une feuille d’aluminium possédant un certain relief. Lorsque l’on observe la feuille de son côté traité, le relief en devient totalement inexistant, comme si la feuille était plate ou qu’elle possédait un trou sans fin.
Les champs d’applications principaux du noir le plus noir du monde se trouvent dans le domaine spatial et de l’astronomie. Il peut par exemple être utilisé pour certains composants d’un télescope ou d’une caméra infrarouge. Son utilité réside dans la réduction du bruit parasite provoqué par la réflexion de la lumière à l’intérieur d’un tel appareil. En effet, dans le cas d’un télescope ou d’une caméra infrarouge, les sources lumineuses exploitées sont tellement faibles que les rendus visuels en sont facilement perturbés.
Le matériau fait également tourner la tête des artistes, qui voient dans ce pigment une partie de l’infini qu’ils poursuivent dans leur peinture. Il faut dire que le noir fascine par ses capacités plastiques et l’imaginaire qu’il convoque, entre le vide et l’absolu.
L'artiste Anish Kapoor a racheté en 2016 le Vantablack. Cette privatisation d'une "couleur" pose la question de l'empire du capitalisme et des finalités économiques sur le monde de l'art et ses tâtonnements.
Le peintre Richard Serra s’intéresse ainsi à la structuration de l’espace par le noir, qui permet selon lui “d’échapper à toute interprétation métaphorique”. Le noir pour le noir.
Pour Pierre Soulages, c’est la lumière du noir qui importe. Les jeux de matière, de texture, le mat et la brillance de cette anticouleur sans pareille.
Mais la poétique du monde étant soumise aux lois du capitalisme, le pigment merveilleux ne vit jamais la lumière du marché. C’était sans compter la décision de Kapoor de soustraire au monde de l’art l’usage de cet ultranoir.
L’artiste est en effet connu pour ses installations où il explore les limites du sensible. Jouant sur les espaces et les couleurs, Anish Kapoor interroge notre perception du monde, en la passant au prisme des courbes et des matières.
On se rappelle ainsi de son intervention intitulée Léviathan dans le cadre de l’exposition Monumenta au Grand Palais : pour occuper l’espace sous l’immense verrière, Kapoor avait donné naissance à un monstre gonflable, que les visiteurs étaient invités à contourner ou à pénétrer.
Une fois à l’intérieur une sensation paradoxale de vertige et de bien-être nous enveloppe. Hypnotisés par cet espace démesuré, de parois fines ou troubles: laissant paraître une gradation subtile de lumière diffuse. Portés aussi par la volonté de s’y enfoncer, de s’y blottir, comme un retour bienheureux dans l’espace utérin.
Tâtonner seul dans le noir
Dans une interview donnée au journal Le Soir, l’artiste britannique déclarait ainsi : “Tout mon travail repose sur une découverte : créer le vide ne conduit pas au vide. Je m'intéresse à ce processus, à la résonance qui émane de ce vide.”
On comprend donc son intérêt pour le Vantablack, forêt de microtubes qui repousse les limites du vide. Mais en privatisant son usage, il s’arroge aussi le droit exclusif d’explorer les subtilités de la couleur, de l’espace et de la matière.
Si l’on peut comprendre le plaisir de tâtonner seul dans le noir, de jouir pour soi-seul d’une découverte magnifique, il est tout de même inquiétant de voir une couleur privatisée. Cette décision du plasticien millionnaire, remet en cause la particularité de l’espace artistique, lui imposant les règles, cyniques, du monde économique.
Sources:
Trust my science, Jonathan Paiano, 8 mars 2016.
Le pigment de la discorde, Arjuna Andrade et Louis Drillon, Radiofrance, 2018.
(Voilà, c'était long, mais c'était bon.)
Albert Lemoine
.. "L'artiste Anish Kapoor a racheté en 2016 le Vantablack."
.. "Mais en privatisant son usage, il s’arroge aussi le droit exclusif d’explorer les subtilités de la couleur, de l’espace et de la matière."
Pas du tout ! Anish Kapoor a des pièces de 10 dollars à la place des yeux. En ce sens on peut dire selon la coutume qu'il est déjà mort. Il peut se le garder son noir absolu à 99,965%. Les collectionneurs vont se faire arnaquer avec un petit tas de pigment noir imparfait au milieu de leur salon. Yves Klein avait eu plus de prestance en sautant dans le vide. Là on pouvait parler de la beauté aristocratique d'un geste entièrement gratuit. Comme Anish Kapoor qui en bon marchand achète et vend son concept, lui à l'inverse l'offrit avec une grande élégance. L'artiste avait de la classe. Pauvre Anish Kapoor qui se débat encore au fond de la caverne quand d'autres ont depuis longtemps accédé au monde des idées. N'est-ce pas Platon ? Tu es encore là ? Tu devrais peut-être aller lui faire un petit cours de marketing 100 % pur ..
D'autre part personnellement j'emmerde Anish Kapoor car moi j'y suis arrivé aux 100 %. La preuve je l'ai photographié. Aucun truquage seulement une prouesse topologique qui m'a permis d'aller chercher après un saut dans le vide, merci Yves Klein, le noir absolu qu'on trouve à l'extérieur de la photographie pour le ramener et lui faire prendre forme à l'intérieur de la photographie. La dernière fois ce fut un vase, on peut le trouver un peu plus bas sur ma page Facebook. Et le noir que l'on voit dans ce vase est aussi profond que notre incompréhension, c'est-à-dire 100 % d'absorption de la lumière de l'esprit. Que quiconque vienne me prouver le contraire j'en serais réjoui, cela m'incitera à faire mieux encore.
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